mardi 20 novembre 2007

Bas mission victime de la concurrence des pétroliers.

La Martinique est déjà couverte de stations service, commerce assez prospère vu le nombre de véhicules sur l'île. Mais les contrats entre les exploitants et les pétroliers font que ces derniers ont tendance a vouloir multiplier les points d'écoulement de leurs produits quitte à diminuer les bénéfices des stations en place. Tout cela explique la peur des gérants de voir de nouveaux concurrents distributeurs d'une autre marque.
http://www.domactu.com/cms/lever-de-bouclier-des-gerants-de-stations-service-_6354068753.aspx

En plus du combat des gérants en place qui défendent leur commerce, il y a aussi et surtout la concurrence des pétroliers TOTAL et WIPCO. Dans le cas de Bas mission, c'est la société WIPCO qui voulait s'installer à moins de 500m de la station TOTAL du secteur "Gamm vert". Les services techniques du Lamentin ont refusé le permis à WIPCO expliquant à juste titre que le secteur étant une zone sensible n'était pas adaptée à un commerce de distribution de carburant.
Cette réponse n'a pas satisfait WIPCO mais surtout le propriétaire du terrain qui avait un bail à construction c'est à dire un contrat très juteux assorti d'un loyer dès la délivrance du permis. Ainsi, le propriétaire s'est remis en route pour absolument obtenir ce permis par tous les moyens. Voyant que WIPCO pourrait peut être avoir ce permis et leur faire de la concurrence directe, TOTAL s'est positionné sur un projet identique sur le même terrain et à négocier le même contrat (bail à construction) avec le propriétaire du terrain (qui n'habite lui même évidemment pas à proximité de la station) afin de court circuiter WIPCO.
Finalement, alors que le permis avait été refusé à WIPCO, le maire du Lamentin a accordé le permis à TOTAL de façon assez surprenante puisque TOTAL présentait sur le fond et la nature un projet identique malgré quelques aménagements techniques. En aucun cas les différences entre les deux projets ne sauraient expliquer ce changement d'attitude...
En recevant une délégation de l'association le 11 juillet 2007, même TOTAL par la voix de son directeur réseau s'étonne de cette décision puisque la compagnie pensait qu'au final vu le secteur sensible leur demande de permis aurait été refusée aussi ce qui aurait définitivement interdit toute station à cet endroit.
Extraits de l'entretien avec, le directeur réseau de TOTAL Caraïbes:
A la question: est ce que TOTAL peut arrêter le projet, il amène à la délégation de l'association bas mission plusieurs réponses instructives sur la façon dont ce projet a vu le jour:
  • Il explique à l'association que le propriétaire lui a menti en indiquant qu'il avait consulté le voisinage et que celui ci était d'accord:

Le directeur réseau de TOTAL Caraïbes: " C’est vrai qu’on avait fait un petit point initialement avec Mr A. (le propriétaire) sur la situation dans le quartier. C’est effectivement l’une des premières questions qu’on avait posé… ( …) Que ça risque de poser des problèmes vu la population. Son discours a été très clair : apparemment, il n’y aurait aucun problème…, il avait fait le tour du quartier, il n’y aura aucun problème… "

  • Il explique que c'est pour contrer le projet WIPCO que TOTAL a conclu avec le propriétaire du terrain avant que WIPCO ne représente un projet:

Le directeur réseau de TOTAL Caraïbes: « Le problème aussi à notre niveau est qu’à l’époque, notre approche sur ce dossier était assez sensible… Parce qu’on avait quand même WIPCO qui était derrière qui essayait également avec des moyens, plus ou moins légaux …on va dire… de reprendre ce dossier et de remettre le grappin sur ce projet… Ce que l’on ne souhaitait pas trop non plus… Donc, on a avancé avec monsieur A, le propriétaire du terrain et on a finalisé...

  • Il explique son étonnement d'avoir obtenu le permis de construire dans ce secteur inadapté:

Le directeur réseau de TOTAL Caraïbes: " Le permis de construire c’est quoi ?? C’est d’abord le maire et les administrés. Moi je suis quand même.. je vous l’avoue que je suis totalement étonné que le maire ait validé ce permis. J’avoue qu’on y croyait même pas trop.. je suis fortement étonné que le maire ait validé ce permis… " (...) Honnêtement…, le permis n’aurait pas abouti j’aurais pas été mécontent. Pas du tout … C’est peut être même la première fois que l’on à un permis pour un projet de station et quand on nous dit vous avez le permis. On est à la limite de faire la gueule. Parce que c’est vrai que l’on était pas trop emballé on avait vraiment …
On s’était positionné sur ce projet par rapport à WIPCO et en pensant vraiment que notre permis, tout comme celui de WIPCO capoterait ce qui arrêterait tout projet de station dans ce secteur…Donc, malheureusement… enfin malheureusement mais les choses sont comme ça… le maire a validé le permis. "

  • TOTAL explique qu'il ne souhaitait pas ce permis mais juste arrêter tout projet dans ce secteur mais que l'obtention de ce permis arrange d'avantage le propriétaire de la parcelle de terrain que TOTAL qui est maintenant engagé vis à vis de lui:

Le directeur réseau de TOTAL Caraïbes: "Le permis a été accordé donc du fait et le jour où le permis a été accordé ça veut dire que toute la machine juridique entre guillemet par rapport au bail de construction et au financement du projet est lancée. Donc ça veut dire que nous , on ne peut plus faire marche arrière ou sinon on perd toute la partie financière. Donc la partie financière c’est un « droit au bail » . C’est un loyer qui commence 3 mois après l’obtention du permis… "

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